pour le bien et avantage de notre service, et qui dépendra de la fonction et exercice de la dite charge d’intendant de justice, police, finances et marine en nos dits pays, de laquelle nous entendons que vous jouissiez aux honneurs, pouvoirs, autorités, prérogatives, prééminences qui y appartiennent et aux appointemens qui vous seront par nous ordonnés ; de ce faire vous donnons pouvoir, autorité, commission et mandement spécial… »
Le dualisme d’autorité qui ressort des documents qui précèdent datait de loin. Des tiraillements et même des conflits sérieux avaient déjà eu lieu à plusieurs reprises, notamment sous MM. de Beauharnois et Dupuy ; mais l’intégrité des parties contentieuses et la sagesse du gouvernement de la métropole avaient, dans le passé, pallié jusqu’à un certain point le vice du système.
En réalité l’intendant était le gouverneur civil de la colonie, et en temps de paix son autorité s’exerçait plus souvent que celle du gouverneur-général. On a vu plus haut qu’il pouvait remplir plusieurs fonctions importantes sans le concours du Conseil Supérieur si tel était son bon plaisir ; ajoutons que l’intendant comme le gouverneur était « homme du roi. » Si l’un de ces hauts fonctionnaires abusait de son pouvoir et ne voulait pas entendre de conseils, l’autre était impuissant à le contrecarrer, à moins d’avoir en France des influences qui, elles-mêmes, pouvaient être tenues en échec par des influences contraires.
M. de Vaudreuil évita d’entrer en conflit avec M. Bigot, qui était né en France et y avait de puissantes protections. Le gouverneur avait d’ailleurs d’autres luttes à soutenir dans le monde officiel. Il n’aimait pas Montcalm et n’en était pas aimé. Leurs relations devinrent tellement tendues qu’il demanda, en 1758, le rappel du général et son remplacement par le chevalier de Lévis. Bien loin