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la guerre de sept ans

trouvant à une faible distance du Dunkerque, navire anglais de soixante canons, le commandant fit crier par un de ses officiers : « — Sommes-nous en paix ou en guerre ? » … On répondit que l’on était trop éloigné pour entendre, et M. Hocquart lui-même ayant répété la question, le capitaine du Dunkerque répondit à deux reprises : — « La paix, la paix » … Le dialogue se poursuivait encore et l’Alcide ne se trouvait plus qu’à une demi-portée de pistolet du vaisseau anglais lorsque celui-ci lui lâcha une bordée formidable, chaque canon ayant été chargé de deux boulets et de mitraille.

L’équipage de l’Alcide se défendit avec ardeur et ne cessa de combattre qu’après l’arrivée de cinq autres vaisseaux anglais[1].

« La guerre, sans être formellement déclarée — dit le publiciste néo-écossais Haliburton — commença par cet événement ; mais pour n’avoir point observé les formalités ordinaires, l’Angleterre fut accusée de trahison et de piraterie par les puissances neutres. »

Ce fut dans ces fâcheuses circonstances que le marquis Pierre de Vaudreuil de Cavagnal, fils de l’ancien gouverneur Philippe de Vaudreuil, succéda au marquis Duquesne. Il débarqua à Québec, sa ville natale, au commencement de l’été de 1755, et son arrivée causa une allégresse générale parmi les Canadiens, ses compatriotes ; — car il y avait pour ainsi dire deux sociétés distinctes dans la colonie à cette époque : les Français de la vieille France et les Français du Canada.

C’est sans doute à cause du nouveau gouverneur, qu’ils chérissaient, que les Canadiens endurèrent sans se soulever

  1. Juin 1755. Ce fut cette même année qu’eurent lieu le guet-apens de Grand-Pré et l’odieuse dispersion des Acadiens du Bassin des Mines.