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à raconter ici, et qui devinrent de jour en jour plus sanglants et plus acharnés.

« En Europe, la paix durait toujours ; situation étrange, peut-être unique dans l’histoire. Depuis deux années, le sang anglais et français rougissait l’herbe des forêts d’Amérique, et les ambassadeurs des deux nations étaient de toutes les fêtes à Versailles et à Saint-James. Hélas ! le gouvernement français, qui sentait son incurable faiblesse, se rattachait désespérément même à une ombre de paix. Mais un jour, » « au mépris du droit des gens, de la foi des traités et des coutumes des nations civilisées, » à un signal parti de l’amirauté de Londres, de tous les coins de l’horizon, les vaisseaux anglais fondent sur nos navires de commerce et de guerre, sur nos bateaux pêcheurs, sur nos baleiniers, sur nos caboteurs. En un mois, 300 bâtiments avec 8 000 hommes d’équipage tombaient au pouvoir de l’ennemi et étaient remorqués en triomphe dans les ports de la Grande-Bretagne. Le glorieux écusson de l’Angleterre en est resté marqué d’une tache que ne saurait laver toute l’eau de l’Océan, théâtre de ces pirateries. Louis XV, Louis XV lui-même, ressentit l’affront et redevint un instant le roi de Fontenoy. Il écrivit à George II une lettre indignée pour lui demander réparation, et cette paix mensongère, qui n’abritait que des guet-apens, fut officiellement rompue le 18 mai 1756[1]. »

Une escadre entière, sous le commandement de l’amiral Dubois de la Mothe, et portant quatre mille hommes de troupes destinées au Canada, fut poursuivie, et quelques vaisseaux capturés dans cette agression soudaine. Un des épisodes caractéristiques de cet événement fut la prise de l’Alcide, commandé par M. Hocquart. Ce vaisseau se

  1. Charles de Bonnechose. — Montcalm et le Canada Français.