Une vache se vend cinquante francs, mais il y a des gens qui se rappellent le temps où l’on pouvait s’en procurer une pour dix écus (trente francs). Un mouton coûte cinq francs… Un cochon d’un an, pesant cent cinquante à deux cents livres, se vend quinze francs. M. Couâgne, le marchand, m’a dit avoir vu un cochon du poids de quatre cents livres chez les Indiens. Un poulet vaut de dix à douze sous, un coq d’Inde vingt sous. Un minot de bled… coûte quarante sous. Le maïs vaut toujours le même prix que le bled, parce qu’il n’y en a que très peu ici, et ce peu est accaparé par ceux qui font le commerce avec les Indiens. Un minot d’avoine vaut quelquefois quinze à vingt sous… Les pois ont toujours la même valeur que le bled. Le beurre coûte ordinairement huit à dix sous la livre… Une douzaine d’œufs ne coûte généralement que trois sous… Il ne se fabrique pas de fromage à Montréal. »
Le savant botaniste se laisse gagner par l’enthousiasme en parlant des environs de Québec et des plateaux de Lorette, de Charlesbourg et de Beauport, couverts d’une admirable, végétation. « Les hautes prairies, en Canada, sont excellentes, dit-il, et de beaucoup préférables à celles des environs de Philadelphie et des autres colonies anglaises. Plus j’avance au nord, plus elles sont belles, et plus le gazon en est riche et fourni. »
Il y a loin de ces affirmations à ce que Voltaire écrivait à M. de Moncrif, le 27 mars 1757 : « … On plaint ce pauvre genre humain qui s’égorge dans notre continent à propos de quelques arpents de glace en Canada. »[1]
- ↑ Lire, à ce sujet, le mémoire de M. Joseph Tassé, publié par la Société Royale du Canada et intitulé : Voltaire, Madame de Pompadour et Quelques Arpents de Neige. (1892). — E. G.