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le fort et le château saint-louis

néral, un prêtre, accompagné de deux autres ecclésiastiques, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, qui tenaient en mains des cierges allumés, survint, apportant un crucifix d’argent fixé au bout d’un long bâton et le lui donna à baiser.

« Ensuite le cortège se dirigea vers le chœur, en passant par la grande allée, dans l’ordre suivant : l’évêque suivi de son clergé, les gens du gouverneur marchant tête couverte et le fusil sur l’épaule, puis le gouverneur lui-même avec sa suite et la foule. À l’entrée du chœur, le gouverneur-général et le général de la Galissonnière s’arrêtèrent devant une stalle couverte d’un tapis rouge et y restèrent pendant tout le temps de la messe, qui fut célébrée par l’évêque lui-même. De l’église il se rendit au palais (le château St-Louis), où les personnages de marque vinrent lui rendre leurs hommages. Les religieux des différents ordres, avec leurs supérieurs respectifs, vinrent lui témoigner leur joie de son arrivée.

« De toute cette foule qui s’était portée au devant du gouverneur, aucun ne resta pour le dîner, à l’exception de ceux qui avaient été invités d’avance, et j’eus l’honneur d’être de ce nombre. Le repas dura fort longtemps et fut aussi somptueux que l’occasion le demandait.

« Le gouverneur-général, marquis de la Jonquière, était un homme de haute taille et paraissait alors âgé d’un peu plus de soixante ans. Il s’était battu avec les Anglais sur mer dans la dernière guerre ; le combat fut acharné, mais les Anglais étant de beaucoup supérieurs en nombre, tant en vaisseaux qu’en hommes, il perdit la bataille et fut obligé de se rendre. Il fut blessé en cette occasion par une balle qui lui traversa l’épaule de part en part.

« Quoique d’un caractère affable il savait conserver sa dignité avec ceux qui recherchaient sa faveur…