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le fort et le château saint-louis

Le père de la nation canadienne attachait une telle importance à cette construction, qu’il y fit travailler avec persistance pendant plus de six ans, en dépit de la désapprobation et du mauvais vouloir de plusieurs de ceux qui l’entouraient.

On peut affirmer que la construction de la ville de Québec à l’endroit où s’élève aujourd’hui la haute-ville est due à l’érection de ce fort, d’abord assez peu important, mais admirablement et avantageusement situé. D’après un projet qui ne s’est complètement réalisé que de nos jours, la ville devait être bâtie sur les bords de la rivière Saint-Charles, où s’élève aujourd’hui le populeux faubourg Saint-Roch. Elle devait s’appeler Urbs Ludovica. Le besoin de protection et de sécurité obligea les premiers colons à se grouper à proximité du fort Saint-Louis, à l’abri des canons dont la voix tonnante effrayait les hordes sauvages, comme, plus tard, elle faisait fuir les nombreux vaisseaux de toute une flotte ennemie.

Dans le récit de ce qui se passa à Québec en 1620, Champlain, après avoir parlé de certains travaux de réparations exécutés à l’Abitation de Kébec (construite sur l’emplacement de la basse-ville actuelle), s’exprime ainsi :

« … Toutes choses furent si bien ménagées que tout fut en peu de temps en état de nous loger, pour le peu d’ouvriers qu’il avait, partie desquels commencèrent un fort pour éviter aux dangers qui peuvent advenir, vu que sans cela il n’y a nulle sûreté en un pays éloigné presque de tout secours. J’établis cette demeure en une situation très bonne, sur une montagne qui commandait le travers du fleuve Saint-Laurent et qui est un des lieux les plus étroits de la rivière, et tous nos associés n’avaient pu goûter la nécessité d’une place forte pour la conservation du