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chansons populaires


C’est dans la ville de bytown.


Il y aura bientôt quatorze ans, par une délicieuse matinée de juillet, un jeune homme avec qui je suis intimement lié, partait de Trois-Rivières pour se rendre à sa paroisse natale, la Rivière du Loup, en haut. Le jeune homme était musicien, et, comme il n’avait que dix-sept ans, il devait naturellement se croire très-fort dans son art. Chemin faisant, voilà que son cocher, ému sans doute par les beautés du soleil levant, et stimulé aussi, peut-être, par le chant des coqs et le bêlement des génisses, se met à entonner : C’est dans la ville de Bytown avec un accent rustique des plus prononcés. Grand plaisir chez notre artiste en herbe, qui, en vrai musicien de notre siècle, cherche aussitôt à harmoniser la mélodie, dans son esprit, à mesure qu’elle sort du rude gosier de son compagnon. Mais voilà notre jeune ami tout déconcerté ! … Impossible d’harmoniser cela ! Il a beau solliciter toutes les formules harmoniques, toutes les modulations à lui connues… impossible d’arriver à rien !

De la leçon toute pratique que donnait à notre ami son brave compagnon de route, il ressortait clairement ce principe : qu’il peut exister une musique reposant sur d’autres lois que sur celles qui régissent la tonalité qui nous est familière. Mais il ne tira pas cette conclusion tout d’abord. Assurément il fut frappé de l’étrangeté de