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appartiennent aux modes antiques, ceux dans lesquels il n’y a pas de note sensible, ils se refusent naturellement à l’harmonie dissonante qui a pour principe et pour base la note sensible mise en rapport avec la sous-dominante.

Mais ces derniers chants peuvent-ils toujours recevoir une harmonie, même purement consonante ? Plusieurs artistes de mérite en ont fait l’essai en ma présence, et ni eux ni moi n’en avons été satisfaits.

D’ordinaire, les musiciens qui veulent harmoniser de telles mélodies les façonnent un peu à la moderne, redressant un tour de phrase par ci, introduisant une note sensible par là. C’est une façon tout à fait leste de se tirer d’embarras, et il n’est pas nécessaire d’être né malin pour pouvoir en faire autant. Il est bien entendu que lorsque je parle d’harmoniser ces chants où n’apparaît point de note sensible, il n’entre pas dans ma pensée d’altérer la mélodie en aucune manière.

De ce que plusieurs musiciens ont échoué dans leur tentative d’y ajouter un accompagnement, devons-nous conclure que ces chants dépourvus de note sensible sont inharmoniques de leur nature ? Cette raison ne serait certainement pas suffisante. Les musiciens d’aujourd’hui connaissent fort peu le génie de la tonalité ancienne à laquelle ces chants appartiennent, la plupart n’ayant jamais déchiffré une seule page de contre-point du moyen âge ou même de la renaissance. Or il est impossible d’accompagner comme il convient les mélodies des compositeurs qui précédèrent immédiatement ou qui furent les contemporains d’Orlando Lasso, d’Allegri ou de Pales-