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DU CANADA
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la plénitude de sa puissance illimitée, dans sa permanence et sa stabilité. Cet élément est celui du repos. Fondé sur une échelle de sons situés à des intervalles distants les uns des autres et d’une perception nette et facile, échelle qui, par l’interposition de ces mêmes intervalles successivement pris pour point de départ de huit gammes diverses, engendre huit modes de caractères différents, le plain-chant procède de telle sorte que la gravité se mêle à la liberté de l’allure et à la souplesse du rhythme, et que son mouvement, c’est-à-dire le mode de succession qui lui est commun avec les arts de la parole, se combine chez lui avec l’idée du repos et avec l’image du calme.

« Bien que mélodique dans son institution, le plain-chant, considéré dans sa constitution tonale, ne répugne nullement à l’harmonie ; et c’est par l’élément de la consonance que cette expression du repos se trahit harmoniquement. Car la consonance est un accord qui ne se résout sur aucun autre, qui n’est point, pour me servir d’une expression consacrée, appellatif d’un autre accord, et qui ne laisse rien à désirer dans la plénitude de sa résonance.

« Cette tonalité du plain-chant n’est pas, au point de vue de l’art, aussi stérile que le supposent certains esprits dédaigneux, puisqu’elle a donné naissance à la tonalité moderne. La formation de cette dernière a été, en effet, un véritable enfantement. Elle est née de l’effort, de la crise des deux éléments extrêmes de la tonalité du plain-chant, c’est-à-dire de l’union violente de deux intervalles de l’échelle que la théorie avait déclarés inalliables et entre lesquels elle avait prononcé un divorce éternel. Au