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DU CANADA

et les Hellènes qu’il est peu de lecteurs qui ne se soient écriés bien des fois :

Qui nous délivrera des Grecs et des Romains !


ou tout au moins des premiers ! Cependant, vers l’an 338 avant notre ère, il s’opéra, dans le système musical des Grecs, une transformation si féconde en enseignements qu’elle doit être rappelée ici.

Jusqu’à cette époque, le seul genre généralement connu en Grèce était le genre diatonique, dont l’intervalle caractéristique est le ton entier. Mais les rapports des Grecs, et tout spécialement des Ioniens, avec les peuples de l’Orient devenant de plus en plus fréquents, leur musique prit un caractère mou et sensuel qu’elle n’avait jamais eu jusqu’alors, et le genre appelé chromatique, dont l’intervalle caractéristique est le demi-ton, commença à devenir en usage.[1]

Il ne faut pas croire que ces deux faits : les relations plus fréquentes des Grecs avec les peuples efféminés et sensuels de l’Orient et l’apparition du genre chromatique parmi eux, soient deux choses indépendantes l’une de l’autre, n’ayant aucune relation entre elles, et qu’elles ne se soient produites en même temps que par une coïncidence tout accidentelle. Non, « les différents genres, comme le dit parfaitement M. Vincent, ont un caractère moral particulier : le genre diatonique est mâle et austère ; le chromatique a quelque chose de tendre et de mélancolique ; enfin l’enharmonique est doux quoique excitant. » D’où

  1. Plus tard, environ 200 ans avant Jésus-Christ, on vit apparaître ou réapparaître un troisième genre appelé enharmonique, dont l’intervalle caractéristique est le quart de ton.