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DU CANADA

Le mode détermine l’ordre de succession des notes de la gamme ou d’une série de sons quelconque.[1] Il faut bien se garder de croire que nos deux gammes du mode majeur et du mode mineur soient les seules acceptables pour l’oreille de l’homme. À part toutes les preuves du contraire qui ont déjà été données dans ce volume, et toutes celles que nous fournit l’histoire, il en est une excellente qui réside dans ce fait : que les Arabes, les Indiens, et les peuples orientaux, en général, ne connaissent point notre manière de diviser l’octave.

Dans les séries de sons des divers systèmes de musique en usage chez ces peuples, les intervalles sont quelquefois plus petits et quelquefois plus grands que les plus petits ou les plus grands intervalles de nos gammes majeures et mineures.

Chez les Hindous, l’octave, divisée en vingt-deux parties, présente, dans ses subdivisions, les plus grandes étrangetés. Il n’est pas un seul de leurs six modes principaux (ragas) qui corresponde en tous points soit avec les modes de notre plain-chant soit avec nos deux modes majeur et mineur.

La division de l’octave chez les Arabes constitue une échelle de sons non moins étrange pour nous que celle des Hindous. « Cette échelle… si naturelle à l’oreille des habitants d’une grande partie de l’Afrique et de l’Asie,

  1. Chez les anciens Grecs, l’échelle était divisée par séries de quatre notes appelées tétracordes. Lorsque saint Ambroise limita à une octave l’étendue de chacun des quatre modes du chant ambrosien, l’unité artificielle du tétracorde, dans l’échelle des sons, disparut peu à peu pour faire place à l’unité naturelle de l’octave.