d’où viens-tu, bergère ?
Le noël que l’on va lire n’est jamais chanté à l’église (il a pu l’être autrefois) ; mais il est bien connu dans les familles. Les petits enfants aiment son joli air, simple et doux. Le D’où viens-tu ? et le Qu’as-tu vu, bergère ? de chaque couplet, intéresse leur imagination, qui s’exalte au récit de ce Dieu qu’adorent les grands parents comme les petits enfants, ce Dieu qui a tout fait, tout : le beau ciel étoilé, le grand fleuve et la haute montagne couverte de neige, et qui cependant veut naître pour nous dans une étable ! Le bœuf, dont, ordinairement, ils n’osent pas trop approcher, et l’âne, qu’ils ne connaissent que de nom, sont deux personnages qui, à leurs yeux, embellissent singulièrement le tableau…
Un écrivain qui n’était malheureusement pas catholique, M. Michelet, a écrit ces lignes délicieuses à propos des noëls populaires :
« … Il y avait alors dans l’Église un merveilleux génie dramatique, plein de hardiesse et de bonhomie, souvent empreint d’une puérilité touchante… Elle (l’Église), quelquefois aussi, se faisait petite ; la grande, la docte, l’éternelle, elle bégayait avec son enfant ; elle lui traduisait l’ineffable en puériles légendes. »