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duction à l’histoire du Danemark, t. I. — Henry, Histoire d’Angleterre, t. I, etc., etc.)

Il est une autre coutume, autrefois en grand usage en Canada, à laquelle on attribue également une origine païenne, et que l’on aurait christianisée comme la Guignolée : c’est celle des feux de la Saint-Jean… Tombée aujourd’hui dans l’oubli, cette coutume subsistait encore au commencement de ce siècle dans certains pays de l’Europe (en Irlande, en France, en Espagne) de même qu’en Canada.

Les feux de la Saint-Jean paraissent remonter à une époque plus éloignée que l’établissement du christianisme ; ils peuvent être considérés comme un reste de l’ancienne superstition et de la vénération que les Celtes avaient pour le feu, qui purifie tout, qui échauffe et consume tout. Les païens l’adoraient comme la source première de la vie et du mouvement de l’univers, le symbole visible de la divinité. On allumait ces feux en réjouissance de l’arrivée du soleil au solstice d’été qui commence les longs jours (fin de juin).[1]

On lit dans la vie de saint Éloi (mort en 659), que ce fervent apôtre travailla avec ardeur à déraciner les nombreuses superstitions qui régnaient à cette époque dans l’esprit des populations du nord de la France, comme de danser et chanter à la fête du 24 juin, « de faire sauter les

  1. Dict. de Bécherelle, au mot feu.