jamais je nourrirai de geai
L’air qui précède a été recueilli dans le district des Trois-Rivières ; celui-ci m’a été chanté par un ancien habitant de l’Île d’Orléans. L’inversion toute gracieuse du refrain :
Jamais je nourrirai de geai,
De geai jamais je nourrirai…
pourrait prouver, au besoin, que cette forme de langage, dont les poètes ont tant usé et abusé, n’est pas une de ces beautés de convention auxquelles chacun de nous paie tous les jours, sans s’en douter, un tribut d’admiration factice.
L’inversion seule peut, bien réellement, donner une couleur poétique à une phrase qui, sans elle, en serait dénuée.
Mais les poètes, à mon avis, usent un peu largement de la recette ; aujourd’hui, la lecture d’une pièce de vers est souvent un véritable travail de construction.