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petit rocher de la haute montagne


La complainte que l’on va lire a été composée dans des circonstances vraiment extraordinaires qui méritent d’être connues du lecteur. On me saura gré de reproduire ici la belle narration qu’a faite M. J. C. Taché des événements qui ont précédé et accompagné la mort du vaillant coureur de bois, héros et auteur de ces couplets.

En remontant la grande rivière des Outaouais, on ne manque pas de s’arrêter au Petit rocher de la haute montagne qui est au milieu du portage des Sept-chutes, en bas de l’Île du Grand calumet : c’est là qu’est la fosse de Cadieux dont tout le monde a entendu parler.

Chaque fois que les canots de la compagnie passent au Petit Rocher, un vieux voyageur raconte aux jeunes gens l’histoire de Cadieux ; les anciens voyageurs qui l’ont déjà entendu raconter aiment toujours à l’entendre, quand ils ne la redisent pas eux-mêmes. Cette fois là, ce fut le vieux Morache, un ancien guide, qui nous déroula le récit des aventures de Cadieux.

Cadieux était un voyageur-interprète marié à une Algonquine : il passait d’ordinaire l’hiver à la chasse, et l’été il traitait avec les sauvages, pour le compte des marchands. C’était au temps des dernières expéditions des Iroquois : Cadieux avait passé la saison de chasse au portage des Sept-chutes où il était cabané avec quelques autres familles : on était alors au mois de mai, et Cadieux attendait des sauvages de l’Île et des Courte-Oreille[1], qui devaient descendre en même temps que lui jusqu’à Montréal avec des pelleteries.

La plus grande tranquillité régnait dans les cabanes du Petit-rocher, lorsqu’un bon jour un jeune sauvage, qui était allé rôder

  1. Outaouais.