Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
du canada


la fille du roi d’espagne


Si, au lieu de « La fille du roi d’Espagne, » la chanson disait : « La fille des empereurs d’Autriche, » on pourrait peut-être y voir une allusion à l’adresse de la reine Marie-Antoinette, qui, dans son jardin du Petit Trianon, à Versailles, se livrait à des habitudes de fermière. Mais les paysans ne savent pas faire de ces malices-là.

La musique l’emporte de beaucoup sur les paroles, dans cette chanson. Confessons toutefois que ces couplets où il est dit que la fille d’un roi veut apprendre « à battre la lessive, » sont d’une naïveté qui fait sourire mais qui ne choque pas. Au reste, pour quiconque connaît le peuple à fond, cette manière de faire parler une princesse comme une paysanne n’offre rien d’étrange. Il est plus d’une naïveté de ce genre dans les contes populaires : dans celui de Jean l’Sot, par exemple, où le héros dit à son fils :

Tu vas aller chez le roi ; tu lui diras : « Bonjour monsieur le roi. Papa vous fait bien ses compliments ; il demande si vous voudriez lui prêter votre demi-minot ! »

M. J. Bujeaud, dans ses Chants et Chansons des provinces de l’Ouest, donne une version de cette chanson dans laquelle la « fille du roi d’Espagne » casse d’abord son badras (battoir), puis laisse tomber son anneau à la mer. Le reste de la chanson est comme notre version d’Isabeau s’y promène. L’air donné par M. Bujeaud ne ressemble