tenaouiche tenaga, ouich’ka !
Si j’étais de la force de M. Ernest Renan, je découvrirais sans doute un sens profond dans les mots : Tenaouiche tenaga, ouich’ka ! qui composent le refrain de ces couplets, et j’en tirerais des conséquences d’une belle perfidie entourée de miel, aux acclamations des badauds émerveillés de ma science profonde. Mais comme je suis loin d’être d’une pareille force, j’avouerai tout bonnement que je n’entends rien à ce baragouin.
Au reste, ces mots étranges ne sont, probablement, que de l’imitation de sauvage, comme savent en faire tous les jeunes enfants, et comme j’en ai entendu faire souvent moi-même par mes petits camarades, lorsque, imitant l’homme des bois dans son commerce avec les blancs, ils se vendaient gravement entre eux le fruit de leur dernière chasse : dix mille peaux de castors, cent mille orignaux, cinq cents mille caribous, représentés par des jointées de noisettes, de bluets ou de cerises à grappes.
La deuxième version de cette chanson, que l’on verra plus loin, est à mon sens, très-intéressante. Ce n’est rien autre chose qu’une variante canadienne de Malbrough. Le tenaouiche et les vieux sauvages sont placés là pour la couleur locale.