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chansons populaires


bal chez boulé


M. Ph. Aubert de Gaspé m’a dit que ces couplets sont probablement originaires de Saint-François ou de Saint-Pierre de la Rivière-du-Sud. Voici, au reste, l’anecdote à l’occasion de laquelle ils furent composés, telle que racontée par M. de Gaspé dans Les Anciens Canadiens :

« … Ceci me rappelle l’aventure d’un pauvre diable d’amoureux qui avait mené sa belle à un bal, sans être invités ; ils furent quoique survenants, reçus avec politesse : mais le jeune homme eut la maladresse de faire tomber en dansant la fille de la maison, ce qui fut accueilli aux grands éclats de rire de toute la société ; mais le père de la jeune fille, un peu brutal de son métier, et indigné de l’affront qu’elle avait reçue, et fit ni un ni deux ; il prit mon José Biais par les épaules et le jeta à la porte ; il fit ensuite des excuses à la belle, et ne voulut pas la laisser partir. »

L’expression : soulier français, que le lecteur rencontrera dans ces couplets, est encore généralement usitée à la campagne pour désigner une chaussure à forme européenne, et par opposition avec le nom de soulier sauvage donné à une chaussure en cuir ordinaire affectant la forme des souliers de caribou fabriqués par les sauvagesses. Le mot « français » est ici synonyme d’« européen » ; c’est assez dire que cette expression remonte aux temps