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chansons populaires


au bois du rossignolet


Je n’ai pas été peu surpris d’entendre chanter cette chanson par madame S * * *, de Saint-André (comté de Kamouraska). Je ne l’avais jamais entendue auparavant et ne la connaissais que pour l’avoir vue dans un recueil français. Les paroles sont les mêmes, à très peu de chose près, que celles de la version française, et bien que notre air ait une allure plus campagnarde, il ressemble cependant beaucoup à l’air noté dans les Chansons populaires des provinces de France, ouvrage publié par MM. Champfleury et Wekerlin.

Cette chanson est franc-comtoise.

Les paysans franc-comtois, dit M. Champfleury, chantent toujours à l’unisson. « Ils ne se doutent pas de l’harmonie et n’ont pas le plus léger sentiment de la tierce ni de la basse ; mais où le paysan déploie de l’art, c’est dans certains points d’orgue qui ressemblent à la toilette des farauds du village. Les femmes nasillent d’une voix traînante, avec des chevrotements qui servent de fioriture… »

« Mon ami Max Buchon, élevé à l’école d’Auerbach, le romancier allemand, introduisit à son exemple des chansons populaires dans ses romans. Au bois rossignolet parut (sans musique) dans une de ses scènes de la Franche-Comté. Une dame de Neufchâtel, en lisant cette chanson, se rappela l’avoir entendue dans sa jeunesse. Et Neufchâtel est au revers du Jura. La chanson avait grimpé et descendu la chaîne de montagnes… »