Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1865.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
du canada.


C’est dans la ville de bytown.


Il y aura bientôt quatorze ans, par une délicieuse matinée de juillet, un jeune homme avec qui je suis intimement lié, partait de Trois-Rivières pour se rendre à sa paroisse natale, la Rivière du Loup, en haut. Le jeune homme était musicien, et, comme il n’avait que dix-sept ans, il devait naturellement se croire très-fort dans son art. Chemin faisant, voilà que son cocher, ému sans doute par les beautés du soleil levant, et stimulé aussi, peut-être, par le chant des coqs et le bêlement des génisses, se met à entonner : C’est dans la ville de Bytown avec un accent rustique des plus prononcés. Grand plaisir chez notre artiste en herbe, qui, en vrai musicien de notre siècle, cherche aussitôt à harmoniser la mélodie, dans son esprit, à mesure qu’elle sort du rude gosier de son compagnon. Mais voilà notre jeune ami tout déconcerté ! … Impossible d’harmoniser cela ! Il a beau solliciter toutes les formules harmoniques, toutes les modulations à lui connues… pas moyen !

De la leçon toute pratique que donnait à notre ami son brave compagnon de route, il ressortait clairement ce principe : qu’il peut exister une musique reposant