mettre la marquise à la mode et à lui donner une réputation de beauté que, à mon avis, elle est loin de mériter.
— Elle me semble pourtant fort belle.
— Moi je lui trouve une figure insignifiante, et j’apprécie peu ses cheveux rouges.
— Elle a de l’élégance et de la distinction.
— Alors, mon cher, comme elle n’a encore fait aucun choix parmi ses nombreux adorateurs, vous pouvez vous mettre sur les rangs. C’est un brillant parti ; le marquis de Germigney lui a laissé deux cent mille livres de rente.
— Vraiment ?
— Décidément, mon cher, vous lorgnez cette marquise avec une persistance… Si vous désirez la voir de plus près, je vous présenterai ; mais, je vous en préviens, tenez votre cœur à deux mains, car cette marquise est une effrénée coquette.
— Non, merci ! Qu’elle soit coquette, ce n’est point ce qui me retient : la coquetterie est, à mon avis, le premier des droits de la femme ; seulement, je la crois amoureuse du comte de Montbarrey. Depuis que je les observe, ils n’ont pas dit une parole ; mais ils se regardent souvent, et le regard de la marquise exprime une tendresse ingénue, comme celui d’une jeune fille qui aime pour la première fois. Les yeux du