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Il crut reconnaître le comte, renversa la tête sur le dossier de son fauteuil, ferma les yeux, fit semblant de dormir, et, palpitant d’émotion, attendit ce qui allait se passer.

Lorsque Béatrix entendit ouvrir la porte, elle se retourna, et à la clarté incertaine d’une veilleuse, elle distingua dans le fond de l’appartement un homme qui s’approchait.

Elle éprouva d’abord une vive frayeur ; mais comme elle reconnut son mari, le cri qui allait lui échapper expira sur ses lèvres.

Elle aperçut dans ses mains la boucle de cheveux qu’il lui avait dérobée pendant son sommeil, le matin même du jour où il s’était éloigné d’elle.

— C’est toi, Gaëtan ? dit-elle d’une voix tremblante d’émotion.

Le comte avança toujours et ne répondit pas.

Quand il fut près du lit, il s’agenouilla :

— Tu m’as appelé, Béatrix, dit-il. J’étais couché, je dormais ; cependant j’ai entendu ta voix, car cette boucle de tes cheveux que j’avais placée sur mon cœur avant de m’endormir, me mettait en rapport magnétique avec toi. Tu