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qui ne parut point en éprouver une excessive douleur.

— Le comte a pris son parti, pensa le docteur ; il se tuera aussitôt après la mort de sa femme.

Cependant, un soir que M. Charrière veillait au chevet de la malade, la voyant endormie, il s’abandonna lui-même au sommeil qui l’accablait.

Vers le milieu de la nuit, Béatrix s’éveilla, et naturellement son esprit évoqua le souvenir de son mari.

— Combien il doit-être malheureux ! se dit-elle ; il est reparti sans doute, et pour ne plus revenir. Pourtant, s’il était innocent !… mais non, c’est impossible !… ô Gaëtan, je ne te reverrai donc plus !… Je suis si faible, si malade !… Je mourrai sans t’avoir dit que je crois à ton innocence, si tu es innocent ; ou que, fusses-tu coupable, je t’absous dans mon cœur !

Pendant qu’elle s’abandonnait à ces douloureuses réflexions, le docteur s’éveilla ; mais ne remarquant pas l’agitation de la comtesse, il allait se rendormir lorsque soudain, au milieu du silence de la nuit, il entendit un léger bruit dans la chambre voisine. Il tressaillit et prêta l’oreille.

Ce bruit ressemblait à un pas d’homme. L’angoisse du docteur était au comble.

Enfin la porte s’ouvrit.