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— C’est ici, monsieur le comte, qu’il faut vous cacher.

M. de Montbarrey suivit seul le domestique, et se glissant avec précaution de massif en massif, ils atteignirent bientôt le bosquet le plus rapproché du château. Alors le guide, s’arrêtant de nouveau, écarta doucement les branches et dit à son maître :

— D’ici M. le comte pourra voir parfaitement Mme la comtesse.

Puis il se retira, et M. de Montbarrey, posant les deux mains sur son cœur pour en comprimer les battemens, s’approcha de l’ouverture indiquée.

La comtesse vêtue d’un peignoir bleu de ciel, était assise sur une chaise longue. Ses mains étaient d’une blancheur morbide ; son visage amaigri exprimait une indicible mélancolie. La lumière se jouait à travers sa peau diaphane estompée de teintes bleuâtres et maladives. Ses yeux, pleins de tristesse, contemplaient fixement l’extrémité du jet d’eau ; ils paraissaient en étudier les mille reflets et en compter les perles brillantes. Elle conservait dans sa nonchalante attitude cette grâce touchante, cette