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— Madame la comtesse, répondit Jean, était souffrante quand je me suis présenté au château. J’ai suivi les ordres de M. le comte. Comme madame ne se promène pas, vu sa trop grande faiblesse, je me suis caché derrière un massif du jardin pour la voir, à l’heure où l’on roule son fauteuil sur la galerie.

— Eh bien ? demanda M. de Montbarrey avec anxiété.

— Ah ! monsieur le comte, je ne voudrais pas vous faire du chagrin.

— Parle donc !

Mme la comtesse a beaucoup changé, et dans le premier moment je ne pouvais croire que c’était là madame, que j’ai vue autrefois si belle et si brillante.

— Peut-être n’était-ce pas elle ? reprit M. de Montbarrey, qui cherchait à se faire illusion.

— Je vous demande pardon, monsieur le comte ; j’ai fini par la reconnaître, car elle a toujours ces yeux si bons ; mais comme ils étaient tristes ! Je n’ai pu m’empêcher d’en pleurer.

— Bien, bien, merci ! c’est assez, Jean ; retire-toi, dit le comte qui ne pouvait plus longtemps contenir son émotion.