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la lecture de ces lettres. Quand il eut fini, il essuya ses yeux pleins de larmes, et sonna.

Un domestique entra.

— Jean, lui dit le comte, voudrais-tu revoir Montbarrey, ton village ?

— Comme monsieur voudra, répondit le domestique.

— Eh bien ! je te donne huit jours ; pars à l’instant. Tu iras au château, et tu tâcheras d’apercevoir la comtesse sans qu’elle s’en doute. Alors tu la regarderas bien, afin de pouvoir me dire à ton retour si elle a changé, si elle a maigri ou pâli, si elle a l’air triste ou gai. Va donc, et ne sois pas un jour de plus.

Jean partit.

Pendant ce délai, si long pour son impatience, le comte ne vécut pas.

Le huitième jour au matin, le domestique était de retour.

— Eh bien ! Jean, lui demanda le comte, as-tu vu la comtesse ?

Mais comme Jean hésitait à répondre.

— Eh quoi ! reprit-il, n’aurais tu pu l’entrevoir ?

— Pardon, monsieur le comte.

— Alors, parle donc. Qu’as-tu remarqué ?