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puissantes qu’use moins l’expansion que la concentration des forces.


Par une belle matinée du mois de mai, matinée limpide et pure, M. de Montbarrey entra dans son cabinet de travail. Ce cabinet, meublé avec une grande simplicité, donnait sur un vaste jardin. Le comte ouvrit la fenêtre et regarda au dehors. Tout riait et chantait dans la nature. Or, rien n’inspire l’amour et le désir du bonheur comme un beau jour de printemps. Spontanément, ses pensées le transportèrent vers la retraite de la comtesse. Il lui prit soudain un désir si intense de la revoir que, pour y résister, il dut appeler à lui toute sa résolution et tout son courage.

Quittant alors la fenêtre, il vint tirer un rideau, qui, en se reployant sur sa tringle, découvrit un admirable portrait de femme. C’était celui de la comtesse. Il le contempla longtemps avec amour ; puis il prit dans son secrétaire un paquet de lettres qu’il baisa avec la ferveur d’un amoureux de vingt ans. Il s’accouda sur sa table, et recommença, pour la centième fois peut-être,