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sensiblement, altère en elle le principe de la vie.

Quant au comte, il a rompu ses relations avec le monde, et a transformé son hôtel de la rue de Babylone en une vaste infirmerie où il recueille et assiste de ses soins les pauvres, infirmes et malades. Il parcourt, accompagné du docteur Charrière, les quartiers populeux et misérables de Paris, secourant tout ce qu’il y découvre d’infortunes. Il n’épargne ni ses veilles, ni ses fatigues, et se consacre tout entier à cette tâche expiatoire.

Le mobile du comte c’est l’amour. Le souvenir de Béatrix domine toutes ses actions. Lorsqu’un malheureux qu’il a soulagé lui exprime sa reconnaissance.

— Mon ami, lui répond-il, ce que j’ai fait pour vous, c’est à Mme de Montbarrey que vous le devez ; adressez-lui donc, au fond du cœur, vos remercimens et vos bénédictions.

Depuis longtemps, le docteur Charrière, que son âme élevée et son cœur bienfaisant portaient vers l’étude des questions d’économie, avait reconnu l’insuffisance de l’aumône accidentelle, qui soulage bien momentanément le malheureux, mais le laisse livré pour l’avenir à toutes les éventualités de la misère. Depuis longtemps,