Page:Gagneur - Une expiation, paru dans Le Siècle, 4, 5 et 6 mars 1859.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Charrière m’a fait comprendre le danger que ce parti extrême pouvait avoir pour toi ; et, quant à ce qui me concerne, il m’a fait entrevoir aussi la possibilité de réparer le mal que j’ai involontairement causé.

» J’ai dû renoncer à ce dessein.

» J’aurai le courage de vivre et d’entreprendre une pénible tâche d’expiation.

» Je suis dans toute la puissance de la vie, et je sens en moi une activité qui déborde.

» Eh bien ! cette vie, cette activité jusqu’alors oisives, j’ai formé le projet, d’après le conseil du docteur, de les utiliser au profit de mes semblables.

» J’espère d’ailleurs de cette occupation le repos de l’esprit ; mais j’espère surtout que mon absence ramènera le calme dans ton cœur, et que peu à peu, me sachant occupé à une œuvre de réparation, tu me pardonneras la vie que je t’ai faite.

» Adieu donc !

» J’emporte avec moi ton portrait et une boucle de tes cheveux. Cette boucle, je l’ai coupée ce matin, tandis qu’affaiblie par plusieurs nuits d’insomnie tu dormais profondément, et que pour la dernière fois, mon regard s’enivrait de ta beauté.

» Adieu encore.