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Après une nuit d’anxieuse insomnie pendant laquelle il arrêta définitivement son projet, il se rendit chez le vieux médecin.

Il fut introduit dans un modeste cabinet où tout respirait l’ordre et la plus stricte économie. Le plancher carrelé n’avait d’autre tapis qu’une étroite natte de jonc, sur laquelle le docteur posait ses pieds. Sur une table étaient étalés pêle-mêle des livres et des instrumens de chirurgie. Quelques fauteuils recouverts d’un velours d’Utrecht usé jusqu’à la trame, une bibliothèque garnie de rideaux de serge et surmontée de quelques bustes de plâtre représentant les hommes célèbres de la science, tel était le cabinet de travail d’un des plus illustres médecins de l’époque. Le docteur Charrière passait pour distribuer en œuvres de bienfaisance les honoraires qu’il recevait de sa riche clientèle, tandis qu’il vivait avec la parcimonie d’un avare.

Il était assis devant sa table, occupé à quelque travail scientifique.

— Je viens, mon cher docteur, vous prier de