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femme me supplia de lui révéler la cause de mes souffrances. J’éludai ses questions et la quittai après être parvenu à la rassurer. Mais que s’est-il passé ensuite ? Je ne puis le comprendre. Tout ce que je sais, c’est que, vers trois heures du matin, je fus réveillé en sursaut par un cri déchirant. Quelle fut ma surprise ! La fenêtre était toute grande ouverte, j’étais assis au bord de mon lit, et ma femme était étendue sans connaissance à mes pieds. Je m’empressai de la relever et de la transporter dans sa chambre. Quand elle reprit ses sens, elle me repoussa avec effroi et m’appela assassin, empoisonneur. Que lui avais-je donc dit pendant mon sommeil ?… Docteur, ne pourriez-vous m’expliquer ce mystère ?

— L’avez-vous donc oublié, monsieur le comte ? Vous êtes sujet à des accès de somnambulisme. Lors du triste événement que vous venez de rappeler, je me souvins heureusement d’avoir entendu votre mère me dire que dans votre enfance vous éprouviez souvent des accès de ce genre. Plus tard, ces dispositions cessèrent ; mais elles ont reparu sous l’influence d’une forte surexcitation morale. Il en est presque toujours ainsi. Je ne crus donc pas devoir révéler que la comtesse était morte empoisonnée, car vos propres