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ses mains de celles de son mari, jeta un cri perçant et s’évanouit.


IV


Béatrix, revenue de son évanouissement, était en proie à une fièvre ardente. Le comte se tenait à côté d’elle. Pâle, défait, il semblait attendre quelqu’un avec une grande perplexité.

Bientôt parut le docteur Charrière. Il s’approcha de la malade et l’observa. Elle était alors plongée dans un demi-sommeil. Dès qu’elle entendit parler, elle ouvrit les yeux et arrêta sur son mari un regard effaré. Le comte essaya de lui prendre la main ; mais elle le repoussa avec horreur.

— Retire-toi ! s’écria-t-elle ; viens-tu m’assassiner ?… Au secours ! à l’assassin ! à l’assassin !… Amélie, prends garde ! c’est du poison… l’infâme ! il veut te tuer pour m’épouser !… mais je ne l’épouserai pas, moi !… non, jamais, jamais !…

Et elle retomba épuisée, en murmurant quelques paroles inintelligibles.

Le comte paraissait accablé. Le docteur le regardait avec stupeur.

— Passons dans mon cabinet, dit M. de Montbarrey ; j’ai à vous parler.