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— Gaëtan, Gaëtan, dit-elle, ne me vois-tu pas ? ne m’entends-tu pas ? Souffres-tu ?

Ces questions n’obtinrent pas de réponse.

Elle les renouvela.

Même silence.

— Gaëtan ! Gaëtan ! répéta-t-elle en lui saisissant la main.

Le comte tressaillit à ce contact.

— Ah ! c’est toi ? murmura-t-il aussitôt d’une voix étrange.

— Pourquoi cette fenêtre ouverte à pareille heure de la nuit ? demanda-t-elle. Souffres-tu ?

— Oui, je souffre, répondit le comte qui continuait de tenir la main de Béatrix dans les siennes et la serrait convulsivement. Mais que sont les douleurs physiques auprès des douleurs morales ?

— Ô mon ami ! s’écria la comtesse avec un accent plein de larmes, moi aussi je souffre ! Je suis bien malheureuse, car je ne crois plus à ton amour.

— Tu ne crois plus à mon amour, Béatrix ? lui répondit le comte d’une voix sourde qui la fit tressaillir. Ah ! ne dis pas cela ! Si tu savais où m’a conduit cet amour !