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III


Deux ans après le tragique événement que nous avons raconté, nous retrouvons M. de Montbarrey et Mme de Germigney, devenue sa femme, réunis au sortir d’un bal, dans ce même boudoir où le comte fit à la marquise sa première déclaration.

Un an de mariage n’a point affaibli leur affection ; car il est de ces sympathies profondes que l’intimité grandit encore ; il est de ces organisations d’élite qui savent varier à l’infini la mélodie de l’amour. La constance est une grande richesse ou une grande pauvreté d’âme.

Mme de Montbarrey était une de ces natures privilégiées. Au milieu d’une société où la plupart des hommes absorbent leurs facultés dans de vulgaires intérêts, Béatrix, pleine de dédain pour les frivoles hommages qui l’entouraient, devait être séduite par la forte et sérieuse passion du comte.

Le bonheur l’embellit encore, car l’amour est à la beauté ce qu’est à un tableau la dernière touche du peintre.