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fection ; je m’appliquerai à réparer le mal que j’ai pu lui faire ; j’y consacrerai ma vie.

En formant ces louables résolutions, M. de Montbarrey se coucha et s’endormit d’un lourd et profond sommeil.

Le lendemain, en s’éveillant, il se sentit la tête pesante et les membres brisés. Le désordre de son lit lui donna à penser qu’il avait passé une nuit agitée et pénible. Mais quelle fut sa surprise quand il aperçut sur sa table de nuit le flacon d’opium qu’il avait remarqué la veille au soir dans la chambre de sa femme. Il chercha à rassembler ses souvenirs ; il se rappela très nettement avoir laissé ce flacon chez la comtesse. Il le prit, le considéra attentivement : c’était bien le même ; seulement il était vide !

Ne pouvant expliquer ce fait étrange, et dans l’espoir d’obtenir quelques éclaircissemens, il se leva et se rendit chez sa femme.

L’appartement de la comtesse était encore fermé à la lumière du jour. Une lampe, près de s’éteindre, l’éclairait seule de sa lueur vacillante et lugubre. Le comte, saisi d’un pressentiment sinistre, se dirigea vers la table de nuit.

Le flacon ne s’y trouvait plus.

— Je ne m’étais pas trompé… Mais quelle chose singulière ! murmura-t-il.

Puis il se pencha vers sa femme.