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— Il faut donc nous séparer, dit-il avec un accent qui accusait une profonde douleur.

— Le jugez-vous nécessaire ? reprit Mme de Germigney. S’il en est ainsi, restons quelque temps sans nous revoir. Comme vous ne pouvez quitter votre femme dans l’état de santé où elle se trouve, j’avancerai de quelques semaines mon départ pour l’Italie. Adieu donc, ajouta-t-elle tristement. Quand vous serez guéri, vous me l’écrirez. Tâchez que ce soit bientôt.

— Je crains que ce ne soit jamais, répondit-il avec simplicité ; puis faisant un violent effort sur lui-même, il sortit précipitamment.

Mme de Germigney resta longtemps dans la même position, tantôt se retraçant avec ivresse l’émotion qu’elle venait d’éprouver, et tantôt repoussant avec effroi ce souvenir ; elle aimait plus profondément qu’elle n’osait se l’avouer, mais elle espéra que son amitié pour Mme de Montbarrey suffirait à contenir cet amour.


II


Le comte de Montbarrey regagna à pied son hôtel situé rue de Babylone. Il était près d’une