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l’on surprend parfois en elle une certaine brusquerie de gestes qui trahit une nature primitivement expansive ; et quand une impression quelconque anime sa figure, d’ordinaire calme et sérieuse, il passe de tels reflets sur sa prunelle baignée de fluide, de tels frémissemens dans ses narines et sur ses lèvres, qu’on devine en elle une âme ardente et passionnée.

M. de Montbarrey contemplait la marquise dans une muette extase. La grande lucidité de l’amour a de tout temps passé pour de l’aveuglement. L’amour, au contraire, décuple nos perceptions et fait découvrir dans l’être aimé des charmes inaperçus par le vulgaire. Pour l’amant seul existent ces beautés et ces grâces fugitives qui se révèlent dans les plus imperceptibles mouvemens du visage et dans les plus légères nuances du teint. Ainsi le comte lisait, à travers la physionomie transparente de Mme de Germigney, dans les moindres replis de son cœur et de sa pensée.

De tous les arts, la musique est celui qui dispose le plus à l’émotion et à l’enthousiasme.

L’amour et la musique sont deux plaisirs qui