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abaissés vers les tempes, ce qui donne à son regard une expression habituelle de tendresse et de mélancolie. Sur ses fines paupières se relèvent en pinceaux soyeux de longs cils bruns dorés à l’extrémité. Le nez, légèrement aquilin, aux narines gracieusement découpées, annonce une âme fière et délicate. La figure de Mme de Germigney est ordinairement pâle, mais d’une pâleur à travers laquelle on voit circuler la vie. À la moindre émotion, il semble qu’une lampe s’allume derrière ce marbre transparent et le nuance de teintes roses d’une suavité incomparable. Mais ce qui contribue surtout à assurer à Mme de Germigney une réputation de beauté, c’est la perfection de sa taille, dont on admire à la fois l’élégance et la souplesse.

Ce soir-là, la marquise porte une robe de velours violet tendre, dont la berthe de guipure est fixée au devant du corsage par un simple bouquet de violettes de Parme. La simplicité de sa parure semble un raffinement de coquetterie ; car ses bras comme son col offrent une si grande pureté de lignes que des ornemens en altéreraient la correction et la beauté.

Élevée dans la contrainte et habituée de bonne heure à réprimer ses mouvemens, Mme de Germigney a une contenance digne et froide, en tout conforme aux plus nobles manières ; mais