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tué, accuse une fermeté de caractère allant jusqu’à l’obstination, et ses épais sourcils noirs se réunissant à la naissance du nez, une nature envieuse et jalouse. Sa luxuriante chevelure, sa peau dorée, sa taille cambrée et souple rappellent une origine espagnole, et respirent la volupté.

Renée, la seconde fille de M. de Charassin, et qui, à l’époque où commence notre histoire, peut avoir vingt ans, forme avec sa sœur aînée un frappant contraste. Blonde comme une vierge d’Albert Dürer, elle porte sur son visage l’empreinte d’une candeur germanique. Son regard bleu est un abîme de tendresse. Son front large et élevé rayonne de pureté. Elle semble personnifier le devoir et le dévouement, tant il y a de noblesse et de grandeur d’âme répandues sur son angélique figure. Par la majesté de sa démarche, par le calme de ses mouvements, comme l’a dit Henriette, elle rappelle une héroïne du moyen-age, et on se la représente volontiers un faucon au poing, chevauchant sur une blanche haquenée.

Quant à Gabrielle, elle paraît être le lien entre Renée et Henriette, et tient tout à la fois de ces deux natures si diverses : à l’une, elle emprunte la passion ; à l’autre, la tendresse. Ses doux yeux bleus, baignés de fluide et pleins d’une grâce enfantine, jettent parfois des lueurs profondes, indices d’une exaltation naissante. La parfaite régularité de ses traits n’est altérée que par l’extrême mobilité de ses narines roses ; la fine transparence de la peau, les mains effilées, une chevelure brune et soyeuse, un cou suave et onduleux, une taille élégante complètent ce type plein de délicatesse et de distinction.