— Cette joie à l’occasion de notre bonheur est une bien amère plaisanterie c’est ce que vous voulez dire, n’est-ce pas, madame ? répondit ironiquement M. de Vaudrey ; que voulez-vous ! le monde est rempli de ces contrastes.
— Sommes-nous enfin débarrassés de cette foule intolérable ? reprit Henriette avec impatience.
— Oh ! oh ! madame, comme nous sommes devenue aristocrate ! Pour mon compte, je ne saurais trop vous féliciter de cet heureux changement mais si Joseph Duthiou vous entendait…
M. de Vaudrey achevait à peine ces paroles, qu’un homme sortit brusquement d’un taillis voisin et parut devant eux. Henriette ne put retenir un cri de terreur. C’était Joseph Duthiou.
— Je vous ai donc bien fait peur, madame ? dit-il d’un ton narquois et arrogant.
Mme de Vaudrey, dans son trouble, balbutia quelques mots inintelligibles.
— Qui êtes-vous, monsieur, demanda Paul pour oser pénétrer ici et interrompre de la sorte notre promenade ?
— Mlle Henriette me connaissait bien, répondit Joseph… N’est-ce pas, madame, que nous sommes de vieilles connaissances ?
Henriette rougit et perdit contenance.
— Désirez-vous me parler, monsieur ? demanda-t-elle d’une voix altérée.
— Eh bien ! madame, dit Paul avec impatience, vous connaissez donc ce garçon ? de quel droit vous parle-t-il ainsi ?
— C’est un ancien ouvrier de mon père ; c’est… hésita Mme de Vaudrey.
— Mon nom, sans doute, vous écorcherait la bouche, madame la comtesse ; mais je parlerai pour vous : je m’appelle Joseph