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FEUILLETON DE LA PRESSE


du mercredi 1er août 1861


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TROIS SŒURS RIVALES [1]


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VIII (Suite)


— Moi !… M. de Morges !… ma main !… s’écria Gabrielle avec stupéfaction, mais il serait mon grand père !…

— Son âge ne me semble pas un obstacle, repartit le baron ; avec son expérience il saura mieux vous protéger contre les dangers du monde. En outre, il possède un beau nom et une grande fortune. D’ailleurs, mon vœu le plus cher est que vous l’épousiez, et j’espère que vous ne voudriez, mon enfant, ni me déplaire, ni me désobéir.

— Cependant, mon père, je refuse, dit Gabrielle avec fermeté.

— Ma fille, pesez bien vos paroles, une enfant bien élevée ne doit jamais s’opposer à la volonté de ses parents.

— Je sais, mon père, l’obéissance que je vous dois ; mais un serment est encore plus sacré, et j’ai juré depuis quelque temps de ne jamais me marier.

— Et pour quelle raison, mademoiselle, faites-vous des serments de ce genre sans me consulter ? Me direz-vous du moins ce qui a pu vous inspirer de si folles idées ?

— C’est mon secret, répondit Gabrielle avec calme, mais par déférence pour vous, je consens à vous le confier j’aime un homme que je ne puis épouser.

  1. La reproduction est interdite. — Voir la Presse des 24, 25, 26, 30 et 31 juillet.