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bien traitée. Il s’arrêta à cette hypothèse qui lui semblait la plus probable, que Renée, éprise de lui et désespérée de son mariage avec Henriette, voulait tenter, par un aveu, de lui faire changer de résolution.

Quand il la vit si troublée, et que, l’ayant questionnée sur le motif de cette entrevue, elle lui répondit d’une voix tremblante : — Attendez, laissez-moi réfléchir, ce que j’ai à vous dire est si grave, que je ne puis m’empêcher d’être émue. Paul se rengorgea dans sa fatuité. Sentant le bras de Renée trembler sur le sien, il ne douta pas que cette émotion ne fut causée par l’amour. Il crut donc son honneur engagé à s’excuser vis-à-vis d’elle de la préférence qu’il avait accordée à Henriette.

— Renée, lui dit-il, en se hasardant à lui presser la main, pourquoi m’avez-vous témoigné tant d’éloignement et de froideur ? Si vous saviez combien j’ai souffert depuis deux jours, depuis deux jours que je me sens à jamais séparé de vous, de vous à qui j’aurais voulu consacrer toute mon existence.

Un instant Renée fut interdite par cette déclaration ; mais elle se remit promptement, et devinant la méprise de M. de Vaudrey.

— Monsieur, dit-elle avec sévérité, le trouble où vous me voyez, est causé par l’étonnement, car je ne comprends rien à votre conduite ; mais, ne voulant pas vous accuser trop rigoureusement, je préfère ne pas connaître le fond de votre cœur que j’étais disposée à croire loyal et généreux. Je ne suis pas venue ici pour vous parler de moi, mais de Gabrielle à qui vous avez dit aussi que vous l’aimiez, qui vous aime, elle, et qui souffre cruellement d’avoir été trompée.

— En vérité, reprit-il, je ne puis compren-