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cacher son trouble, elle reprit, avec un rire nerveux qui trahissait une émotion violente :

— Si c’est là tout ce que vous avez à me dire, je m’en vais.

Et elle se leva pour partir.

— De grâce ! Gabrielle, dit Paul en la retenant encore un instant ! laissez-moi m’expliquer et vous ouvrir mon cœur.

Gabrielle reprit sa place, à côté de lui mais pressentant le danger :

— Eh bien ! parlez vite, dit-elle ; car il faut que j’aille trouver mes sœurs.

Paul prit les deux mains de la jeune fille dans l’une des siennes, et de son autre bras, lui entourant la taille, l’attira tendrement à lui.

— Alors, je vous retiendrai de force, ma charmante sauvage, car ce que j’ai à vous dire est grave et vous intéresse autant que moi, reprit Paul en effleurant de ses lèvres les cheveux de Gabrielle.

En cet instant, un léger bruissement de feuilles se fit entendre derrière eux.

— Il y a là quelqu’un, s’écria Gabrielle avec effroi et la rougeur au front.

— Peu importe, chère amie, reprit Paul ; demain tout le monde saura que nous nous aimons, car vous m’aimez, n’est-ce pas, Gabrielle ?

— Oh ! oui, répondit-elle avec une naïveté d’enfant.

Ce oui était à peine prononcé, qu’Henriette parut devant eux. Elle avait tout entendu.

— Ah ! vous voilà, dit Henriette avec un air de surprise parfaitement joué ; il est bientôt l’heure du souper ; ne craignez-vous