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FEUILLETON DE LA PRESSE


DU VENDREDI 26 JUILLET 1861.


TROIS SŒURS RIVALES


III (Suite).[1]

Cependant un mois se passa, et M. de Vaudrey hésitait encore à fixer son choix.

Henriette, nature complexe et dissimulée, excitait sa curiosité ; mais une vague intuition lui révélait ce caractère égoïste.

Il existe, en effet, chez tous les êtres un mouvement d’absorption et d’irradiation du fluide vital, mouvement qui résulte d’une action inconsciente de la volonté, s’exerçant constamment sur tout l’organisme ce qui explique sans doute pourquoi nous sentons auprès des êtres égoïstes, absorbant plus qu’ils ne projettent, comme une atmosphère sèche et glacée ; tandis qu’en la présence des personnes bonnes et dévouées, nous éprouvons une douce chaleur qui fait éclore la sympathie.

L’indécision de Paul de Vaudrey subsistait donc seulement entre Renée et Gabrielle. Renée, pleine de réserve et de noblesse, savait tout à la fois lui inspirer du respect et piquer son amour-propre ; mais Gabrielle, par sa beauté, la naïveté et la profondeur de sa passion, éveillait en lui l’amour des sens.

Henriette s’apercevait que ses sœurs lui

  1. La reproduction est interdite, Voir la Presse des 24 et 28 juillet.