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pas sans que l’une au moins des demoiselles de Charassin ne fût éprise de lui.

Mais jusqu’où dut s’élever sa fatuité, lorsqu’au bout de ces huit jours, Henriette, Renée et Gabrielle se montrèrent si naïvement empressées de lui plaire, que, toute vanité à part, il ne pouvait plus mettre en doute le succès. Dès lors il se pavana dans sa victoire et se plut à jouer avec ses victimes, sans envisager les ravages que pourrait causer la passion dans ces jeunes cœurs inexpérimentés et débordant d’amour.

Combien d’exemples ont prouvé et prouvent chaque jour que cette réclusion dans laquelle vivent la plupart des jeunes filles en France, est loin de leur préparer une vie calme et heureuse, comme le supposent des parents timorés. Une jeune fille est-elle aimante, romanesque, on la prive de liberté, on l’élève dans une funeste ignorance du monde et de la vie réelle, on l’isole soigneusement dans la crainte du danger que son inexpérience lui ferait courir ; mais tôt ou tard la nature réclame ses droits ; alors cette créature privilégiée, faite pour l’amour, verse sur le premier venu des trésors de passion jusqu’alors contenus. De là résultent ces cruelles méprises, ces déceptions douloureuses et ces regrets amers qui suffisent à empoisonner toute une existence.

Les mœurs anglaises et américaines, qui laissent tant de liberté à la jeune fille, ne sont-elles pas bien plus logiques ? Les femmes en ont-elles moins de vertu, et les unions faites en toute connaissance de cause n’offrent-elles pas des chances de bonheur mieux assurées ?

Quinze jours après l’arrivée de Paul de