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riant tableau : la subdivision excessive des propriétés se découpant en tous sens et affectant mille figures irrégulières ; la confusion inextricable du sol ; une culture ignorante encore et chétive ; une rivière tortueuse qui vagabonde, couvrant chaque année de nouveaux espaces de son galet stérile, n’accusent-ils pas l’incohérence, la lutte des intérêts et la pauvreté générale ? Quelle production fabuleuse, au contraire, quelle distribution harmonieuse et savante, quels aspects plus féeriques encore, la grande culture associée ne réalisera-t-elle pas un jour sur cette terre privilégiée dont la main de l’homme a dégradé la richesse primitive et les charmes naturels !

Le château de Domblans, visité par Henri IV en 1535, est un précieux monument de la féodalité. Lorsque la soumission de la Franche-Comté à Louis XIV amena le démantèlement de toutes les forteresses, celle de Domblans fut respectée, grâce à l’amour que sut inspirer la belle châtelaine, Gabrielle de Salines, au traître et galant abbé de Watteville.

L’habitant de la vallée passe indifférent devant ces restes féodaux ; mais le voyageur s’arrête et contemple avec intérêt des murs séculaires à peine lézardés, des tours à meurtrières, des fenêtres croisées de pierre et à pinacle, qui rappellent l’ordre gothique du quinzième siècle, des remparts encore debout et des fossés profonds convertis en verger où croissent pacifiquement de hautes herbes et des arbres à fruits.

Un pont jeté sur les fossés met en communication le château avec les jardins. Une pente rapide couverte de gazon conduit à