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— Je la perds déjà, fit-il en jetant à Yvonne un regard passionné.

Le dîner fut très gai pour Yvonne et pour moi. Quant à M. de Kéradec, il était trop amoureux, trop impatient de l’avouer à sa femme, pour partager notre bonne humeur.

Au lieu des banalités dont la chère provinciale émaillait d’ordinaire sa conversation, elle parla des choses du jour, répéta les mots en circulation, et même eut de son crû quelques traits d’esprit qui firent ouvrir au mari de grands yeux stupéfaits. Il ne savait plus s’il devait se réjouir ou s’effrayer de la transformation. Aussitôt après le dîner, ne voulant pas prolonger le supplice de ces deux amoureux, je partis. Mais j’étais à peine dans l’antichambre, que j’entendis deux cris de joie étouffés, suivis d’un silence, et puis comme un bruit de baisers.


Depuis ce moment, la réputation de jolie femme de Mme de Kéradec n’a fait que grandir ; et l’amour de son mari s’accroît chaque jour de ses succès.

Or, ma chère Yvonne ayant commis l’indiscrétion de nommer son éducatrice, j’ai acquis de mon côté une telle réputation qu’à tout moment on vient me consulter. Tantôt c’est une amie qui veut ramener un mari