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deleine, le petit vieillard alla au fond de la boutique et appela :

« Anastasie !

— On y va ! répondit de l’entre-sol une voix éraillée.

— Ma femme, dit-il à Madeleine, vous dira mieux que moi ce que cela vaut. Nous sommes d’honnêtes gens, voyez-vous. Le premier marchand venu vous pèserait cela et vous donnerait juste le poids de l’or. Mais nous, nous estimons le travail du bijou. Votre bracelet, qui est très léger, n’a guère que cette valeur. »

Anastasie entra ; et Madeleine à sa vue éprouva une impression si désagréable qu’elle fut tentée de reprendre ses bijoux et de sortir.

Cette femme pouvait avoir cinquante-cinq ans. Son menton avancé, son nez crochu, ses yeux petits et perçants, relevés vers les tempes, le ton violacé de son visage large à la base, étroit au sommet, exprimaient la rapacité et l’astuce.

Elle examina Madeleine comme l’avait examinée le vieillard. Cette inspection embarrassait la jeune fille, qui dit un peu sèchement :

« Combien, madame, estimez-vous ce bijou ?

— Ah ! c’est vous, ma petite mère, qui voulez vendre cela ? » fit-elle en affectant la bonhomie.

Madeleine fut choquée de ce ton de familiarité.

« Oui, madame, répondit-elle avec quelque hauteur.

— Quel prix faites-vous cela ? demanda le petit vieillard.

— Cent francs.

— Ça ne les vaut pas, mon cher cœur, repartit vivement la mégère.