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IV


Après la retraite si brusque de la famille Daubré et la discussion un peu orageuse de la soirée, les Borel se séparèrent avec quelque froideur.

Mlle Borel se trouvait blessée par l’attitude railleuse de sa famille.

Maxime appréhendait l’éloignement de Mme Daubré. Béatrix, jalouse de Madeleine, affecta de ne pas lui souhaiter le bonsoir. Madeleine se retira triste et pensive. Elle se répétait avec amertume ces paroles de Mlle Borel : « II n’y a pas de dignité possible sans l’indépendance matérielle. »

C’était une nature fière et fortement trempée que cette fille d’ouvriers ; et Mlle Borel s’était appliquée à développer chez elle la dignité et la force de caractère, qui sont la meilleure sauvegarde pour une femme.

« En effet, se disait Madeleine, que suis-je ici ? Une enfant recueillie par charité. Mlle Bathilde est trop généreuse sans doute pour me faire jamais sentir ma position dépendante ; mais le langage et les regards parfois méprisants et protecteurs de Laure et de Béatrix me rappellent trop que je suis une étrangère dans la maison. Mme Borel aussi ne me témoigne plus la même bien-