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dalité territoriale ; mais elle produit cependant ce que produisent toutes les oppressions, des essors subversifs de liberté, autrement dit une profonde démoralisation engendrant une ignoble misère ; et vice versa, cette misère engendrant la corruption.

Cependant, en face des conquêtes de la civilisation, qui pourrait nier le progrès moderne, même au point de vue moral ? et qui songerait à confondre ces deux époques dans une même réprobation ?

Aujourd’hui, à la place des tours orgueilleuses du château féodal, à la place de ccs engins stériles ou plutôt destructeurs, s’élèvent les murailles pacifiques de l’usine ; de l’usine, avec ses machines puissantes, fécondes, avec son armée de travailleurs. À la place de ce seigneur oisif, ignorant, hautain, toujours prêt à abuser de sa force, c’est le patron intelligent, actif ; c’est même assez souvent un ancien ouvrier presque toujours bienveillant pour l’ouvrier.

Mais l’époque que nous traversons est transitoire, et comme toutes les transitions, douloureuse. Les abus mêmes de cette féodalité nouvelle suscitent déjà et susciteront de plus en plus des tentatives d’affranchissement. Le perfectionnement des machines et de nos systèmes économiques amènera certainement pour l’ouvrier, qui sera un jour associé et non plus simplement salarié, une ère de liberté, de dignité moralisatrice et de bonheur relatif.

Aujourd’hui, un certain nombre de grands industriels comprennent les devoirs de la richesse, et se préoccupent incessamment d’améliorer les conditions hygiéniques de leurs établissements, aussi bien que le sort des travailleurs.